La grande Sure par le couloir de Jusson est une randonnée ni très longue ni très difficile.
Elle est assez variée du fait de la succession de forêt, de paysage champêtre puis
de rocher que l'on rencontre en gravissant le sommet, avec une large vue sur la plaine de la Bièvre.
Il est également possible de l'allonger par une charmante boucle sur le sentier de Charminelle qui nous ramène un peu au dessus du pas de la miséricorde. C'est ce que j'avais envisagé.
Nous étions prévus 11 au départ, pour un maximum légal de 10 participants. Je suis tenté un instant par le surbooking, car sur 11 personnes, ce serait bien le diable qu'il n'en manque pas une ... Mais la solution est trouvée grâce à Michel qui sera coencadrant. Ainsi nous pourrons toujours faire deux groupes. En fin de compte nous sommes 10 au départ, mais les règles de covoiturage nous imposent de prendre 3 voitures.
Pour une ascension de la grande Sure, cette randonnée commence avec bien peu de certitude. En effet, un collègue Cafiste m'a prévenu qu'un arrêté municipal interdit le pas de la miséricorde en raison de risques d'éboulements.
Cet interdit nous oblige si nous gardons le trajet prévu, à remonter de près de 300 m à la sortie de Charminelle, pour éviter le pas, en passant par la combe des veaux. Je ne suis pas sûr également que pour une première sortie d'après confinement, le trajet prévu initialement ne soit pas trop ambitieux. Le temps même est incertain,
qui prévoit de la pluie vers 14h00.
Quoi qu'il en soit, nous démarrons du parking des trois fontaines vers 8h45 par un sentier qui s'élève rapidement dans la forêt, trop rapidement, mais ce n'est sans doute pas entièrement la faute du sentier. Il est toujours difficile de veiller à garder un rythme tranquille en début de randonnée ... un point à travailler.
Après un petit passage un peu plus "rocheux" dans la forêt, nous quittons celle ci au niveau de la cabane de Jusson où nous nous accordons une pause au soleil.
Nous montons mi herbe, mi sentiers en visant l'aplomb de la croix du sommet, c'est là que le couloir prend sa source. Des randonneurs grimpent devant nous, nous ne nous pressons pas trop, il vaut mieux les laisser passer pour éviter les chutes de pierres. L'entrée du couloir est bien visible et ne présente pas de difficultés.
J'avais pris une corde parce qu'il faut bien mettre quelque chose dans le sac, mais sans grande illusion sur son utilité. Il est tout de même nécessaire de s'aider des mains sur un passage d'une trentaine de mètres.
Nous débouchons sur un sommet très peuplé vers 11h45. Quelques nuages s'amassent autour de nous mais le soleil brille et nous en profitons pour déjeuner.
Nous repartons. En l'état actuel de nos connaissances, nous décidons de ne pas faire la boucle de Charminelle et de prendre la combe des veaux pour éviter le pas de la miséricorde, cependant un grand nombre de randonneurs affirment être
montés par le pas sans rencontrer de difficultés. Nous descendons par l'arête sud de la Grande Sure, sentier assez raide et un peu glissant.
Arrivés en bas de l'arête, un bienvenue coup de tonnerre retentit à nos oreilles ... Bienvenue ? Oui ! La décision maintenant, devient ; vaut il mieux passer le pas de la miséricorde et son risque d'éboulement ou affronter un orage en montagne ?
D'ailleurs l'arrêté municipal date de fin janvier et l'éboulis s'est peut être stabilisé depuis.
Nous continuons la descente et arrivés à l'intersection pas de la miséricorde/combe des veaux, la décision est prise dans le silence, remonter 200 m ne semble pas faire l'unanimité, aussi nous prenons la direction du pas. D'ailleurs des randonneurs descendent dans cette direction sans jeter le moindre regard au pauvre arrêté crucifié sur un arbre et à moitié dissimulé par quelques branches.
Un peu plus bas, un couple m'arrête et me demande comment faire pour ne pas passer par le pas. Je comprends vite que le problème n'est pas le risque d'éboulement, dont le couple ne semble pas faire grand cas, mais le vertige de la dame qui hésite à s'engager dans le pas. Je lui propose ma corde et finalement, nous franchissons le fameux pas, la dame entre moi et son mari, sans grand respect des règles de distanciation ... un virus aussi méchant soit-il doit-il nous faire oublier les règles d'entraide en montagne ...
Je n'ai pas vu d'éboulis et retrouve le groupe un peu plus bas sur une aire de repos. Le reste de la descente est facile et nous sortons de la forêt, un grand soleil nous accueille sur le parking, il n'y a pas eu d'autre coup de tonnerre et cette fois ci, c'est une certitude qui nous attends, nous avons passé une belle journée. Nous aurions dû en être sûr.
Retour Pont Evêque vers 17h15.
ET.