La météo annonçait un beau week-end, alors quelle ne fut pas notre surprise d’arriver sur le parking des granges de Freydières sous la pluie. En pus la route qui permet de monter jusqu’à pré Raymond en voiture est barrée alors que la route est bien noire. Le portage s’annonce long. Le moral n’est pas attaqué pour autant, on charge les sacs à raz bord, et on démarre la montée dans la boue. Après quelques 400 m de dénivelé avec les skis au sac, nous trouvons enfin de la neige suffisante pour les chausser. Le raid peut réellement démarrer. La montée reste difficile à cause de la pluie qui se transforme petit à petit en neige mais qui nous empêche de nous dévêtir alors que nous suons à grosses gouttes.
Le dénivelé s’accumule avec nos gros sacs, la fatigue commence à se faire sentir lorsque nous arrivons enfin au col de la Pra sans avoir vu le moindre bout de montagne à cause du brouillard. Mais là, enfin, nous sommes de justesse au-dessus des nuages. Cela nous permet de casser la croute au soleil avec un semblant de vue dégagée sur les sommets alentours.
Après le sandwich vite expédié, nous nous lançons dans la descente vers le refuge. Quelques 50m de descente qui promettent du bon ski pour cet après-midi. Nous ne sommes pas les premiers à nous installer mais le refuge d’hiver est tout de même assez grand et confortable pour nous rassurer quant à la soirée et la nuit que nous allons passer. Nous posons les affaires inutiles pour l’après-midi, préparons un peu d’eau chaude pour le café et s’est repartit direction la grande Lauzière.
Nous passons rapidement plein soleil, et l’heure est tout de même tardive. Il faut être vigilent aux avalanches de fontes. Nous nous découvrons rapidement pour finir en t-shirt. La chaleur et les 1000m de ce matin avec des sacs très lourds ont puisé dans les réserves. Le rythme est assez lent et les muscles tirent. Séverine s’arrête au soleil après 300m de montée. Le reste de la troupe poursuit mais n’arrivera pas au sommet. Il reste à peine 100m à faire mais la vue sur la montée finale démoralise le groupe. La section précédente a demandé tellement d’effort que nous décidons de redescendre malgré la proximité de l’objectif. Nous aurons finalement fait 1600m de dénivelé. Tout de même plus qu’honorable pour une journée d’approche vers le refuge. La descente est en super condition. On alterne entre neige de printemps et quelques pentes encore en poudre un peu tassée. Le refuge est vite là, il faut profiter de chaque courbe.
Arrivée au refuge, la journée n’est pas finie. Contrairement à nos habitudes, il ne suffit pas de mettre les pieds sous la table et commander les bières au gardien. En cette saison bien particulière, le refuge n’est pas gardé. L’apéro, il a fallu le porter jusqu’ici. Trois bières, deux bouteilles de vin, nous avons été vaillant mais ça vaut le coup. Faire fondre la neige prend beaucoup de temps. A 19h, tout est prêt pour passer à table. Soupe, pates chinoises, purée, tout le monde a prévu sont petit repas lyophilisé. L’ambiance est bonne, on partage même quelques trucs et astuces qu’on s’empresse de tester. Le sachet de thé chaud en guise de gant de toilette : validé ! Petit digestif et au lit. Le réveil va sonner de bonne heure demain, et en plus on change d’heure. Nous prenons tout de même le temps de contempler les montagnes éclairées par le clair de lune. Le temps s’est complètement dégagé, les étoiles et la pleine lune sont magnifiques dans ce décor.
Le matin, nouvelle corvée pour faire fondre la neige. Le temps de manger, de ranger les affaires, nous sommes presque les derniers à partir. Le regel nocturne a fortement redurci la neige fondu la veille. Très rapidement, la pente s’accentue les couteaux deviennent indispensables. Ces conditions typiques du ski de printemps sont toutefois nouvelles pour une partie du groupe. Après avoir pris confiance dans l’accroche des couteaux sur cette neige dure, tout le monde s’en sort magistralement. Nous voilà aux lacs du Doménon. La vue se dégage et nous sommes en extase. Les sommets se dévoilent et l’ambiance devient vraiment sauvage malgré le nombre incalculable de skieurs dans le secteur.
Nouvelle première pour une partie du groupe, nous traversons les lacs. Même si ce n’est pas une première pour tout le monde, l‘impression est toujours particulière lorsqu’on pense à ce que l’on a sous les pieds une fois au milieu du lac. La suite de la course est moins technique, les pentes plus douces mais la longueur puise tout de même dans les réserves. Une fois au col de Belledonne, nous voyons enfin le sommet. Il semble tout proche mais une fois dans la pente, nous avons l’impression de jamais arriver au bout. Enfin la vue se dégage à 360°, nous y sommes. Vercors, Chartreuse, Oisans, Bauges, Vanoise, les différents massifs nous font de l’œil. Le temps est splendide, nous en prenons plein les mirettes. Petite séance photo, même la bouteille de St Joseph y a droit, elle est arrivée au sommet elle aussi ! Nous comptions la déguster au sommet mais l’espace est un peu étroit, nous descendons jusqu’au col pour manger et trinquer à cette belle course.
Dès le redémarrage, nous avons droit à une première chute. Des bosses mal maitrisées, et c’est le carambolage. Séverine s’en tire avec une petite douleur au genou mais semble-t-il sans gravité. Rappel sur les règles pour descendre en sécurité : on garde de la marge sur son niveau à ski, surtout avec nos sacs à dos lourds. Les manœuvres sont bien moins faciles dans ces conditions que sur les pistes.
Le reste de la descente se fait sans encombre. On alterne entre la bonne neige et la neige dure. La deuxième moitié est bien plus technique entre les arbres, la neige dure et les traces très marquées des skieurs précédents. Même si nous sommes moins à l’aise que dans les grandes pentes sous le sommet, tout le monde s’en tire à merveille jusqu’à ce que la neige laisse place à la boue. Il est temps de mettre les skis sur le dos et de descendre à pieds les 600 derniers mètres. C’est long, très long ! Nous sommes bien contents d’arriver enfin au parking avec la bonne surprise de voir le bar ouvert. Il n’y a plus de bières ? Ce n’est pas grave, on va se rabattre sur du cidre. Ce n’est pas local mais ça permet de trinquer tout de même.
Le raid aura été court. Seulement 2 jours mais nous avons tout de même eu l’impression de déconnecter complètement du quotidien. Certes, il y a des points négatifs. Nous avons démarré sous la pluie, il y a eu beaucoup de portage, une petite blessure à la descente, mais je suis certain que l’ensemble du groupe saura ne retenir que le positif. Le ski a été plutôt bon, les paysages étaient magnifiques, l’ambiance au refuge était encore plus remarquable que d’habitude car non gardé et on a bien rigolé !!!!