Pic de l'Etendard
Grandes Rousses -
Initiation Alpinisme « Spécial Jeunes »
samedi 23 au lundi 25 mai 2015
Participants : Etienne, Louis, Sébastien, Pascal
Comme l'année dernière le Club propose une initiation-découverte de l'alpinisme. Les 3 jours de Pentecôte sont retenus pour s'initier aux courses de neige à partir du refuge de l'Etendard dans le massif des Grandes Rousses (entre les stations de ski de St-Sorlin d'Arves et de l'Alpe d'Huez).
Au dernier moment, c'est finalement deux jeunes grimpeurs, Etienne, 14ans et Louis 17ans qui feront le voyage. d'autres candidats et candidates étant retenus par des obligations autres. Olivier, co-organisateur, est retenu par un mal de dos. Sébastien, le papa d'Etienne se propose de nous accompagner. Nous sommes donc quatre pour cette aventure réussie pour nous irons tous au sommet du Pic de l'Etendard 3465m, sommet mythique qui surplombe un glacier qui s'amenuise avec le réchauffement climatique.
Tout commence à Pont-Eveque, samedi matin à 8h45. La route du non moins mythique col de la Croix de Fer prend près de 2h30. Petite vérification du matériel : les sacs sont lourds. Il est vrai que nous sommes dans une configuration quasi maximum : pelle, sonde, DVA, piolet, crampons, casque, baudrier, mousquetons, roulettes, ropeman, broche à glace, raquettes, corde, bref un résumé du magasin du Vieux Campeur;) …
Le refuge est à 2410m mais il faut passer une bosse à 2500m d'altitude. La neige est bien présente et comme toujours à cette époque, pénible à marcher. Les pieds s'enfoncent à chaque pas, parfois jusqu'à la cuisse:pénible vous dis-je !
Le gardien n'est pas encore arrivé. Nous dégageons la neige des tables de la terrasse du refuge pour manger puis nous allons faire les premiers exercices à proximité du refuge. Comment marcher avec des crampons ? en montée ? en descente ? en traversée ? Comment se servir d'un piolet ? Comment enrayer une glissade dans une pente raide ? Viennent ensuite les manipulations avec la corde. Se déplacer lorsque plusieurs personnes sont encordées sur la même corde, chacun devant être capable d'arrêter une glissade en gardant toujours la corde tendue : ça s'apprend en faisant !
« une corde ça se tend, un piolet ça se plante »
Les candidats sont à la hauteur : le Pic de l'Etendard est à notre portée. Nous rejoignons alors le refuge pour nous réchauffer, pour souper et dormir car le lendemain la journée commence tôt.
5H00. Le téléphone de Louis sonne le réveil. Il nous faudra plus d'une heure pour nous préparer mais c'est normal, il faut faire beaucoup de petites choses, bien se préparer pour réussir un sommet. Ces gestes s'apprennent, il faut du temps.
La brume de la veille est partie et c'est un premier matin du monde qui s'offre à nous. La longue approche (5km) pour arriver au pied du glacier. Nous longeons les lacs. Le jour est bien sûr déjà levé. Le ciel est bleu, l'air est plutôt doux. La neige, regelée de la nuit, crisse sous les raquettes. Déjà des groupes de skieurs ou de randonneurs sont dans la pente. Nous gardons les raquettes jusqu’à un rocher pour mettre les crampons et s'encorder. L'ascension commence vraiment maintenant. Le glacier est parfaitement recouvert de neige donc à priori sans risque de pont de neige sur des crevasses. Une première pente qui paraît raide commence à fatiguer les jeunes jambes. Un replat bien venu redonne de la vigueur. La deuxième et dernière pente un peu plus raide donne l'accès à un petit col juste sous le sommet. Les conditions sont excellentes. Il fait beau, la neige est suffisamment portante et nos apprentis alpinistes se débrouillent comme des pros pour zigzaguer dans la pente. Un coup piolet à droite, corde à gauche. Un coup piolet à gauche, corde à droite. L'air commence à se raréfier. À 3000m se n'est plus environ que 75% de l'air que nous respirons habituellement à Vienne ! L'arrivée au sommet est un bonheur et une récompense bien méritée. Le spectacle est à 360° avec autant de montagnes à gravir. Le casse-croûte est frugal et rapide, comme d'habitude. Un petit vent frais refroidit vite les muscles. La brume monte rapidement depuis la vallée : il faut redescendre. La descente de la petite crête se fait encordement court. La pente raide ne pose pas de problème à la descente. Nous faisons un essai de glissade à plusieurs : nous nous laissons glisser pour prendre un peu de vitesse puis nous cherchons à nous arrêter au piolet comme appris : ça marche très bien. Dans ces conditions de neige, cela devient un jeu....
Très rapidement, nous nous libérons de la corde. La neige est telle, qu'une seule idée monte à la tête : dévaler la pente plein pot ! Etienne s'éclate bien dans cet exercice.
A partir de notre rocher qui émerge de la mer de neige, nous effectuons quelques exercices typiques de rechape en alpinisme : « corps mort » au piolet, champignon de neige, sac poubelle remplie de neige (mais on n'avait pas de sac poubelle!), remonter d'une charge (une grosse pierre) à l'aide de poulies avec démultiplication (mouflage) , ancrage sur broche à glace (de la vraie glace, celle du glacier de l'Etendard, là, à 60cm sous nos pieds), demi-cabestan arrêté par un nœud de mule, cabestan, utilisation du ropeman, comment faire un machard, etc, etc.
Nous sommes quasiment les derniers sur le glacier. Il fait beau. Nous sommes bien. Mais il faut redescendre sur Terre.
Nous retrouvons nos raquettes bien utiles pour refaire les 5 km de plats le long des lacs dans une neige maintenant très molle et de plus dans le brouillard. Louis prend les devants et arrive bien avant tout le monde. Mais c'est quand même mieux de rester en groupe quant on est en montagne.
A nouveau la chaleur du refuge est appréciée. Il est resté dans la brume toute la journée alors que nous étions au-dessus de la mer de nuages, en plein soleil....
Nous jouons au UNO. Sébastien connaît toutes les règles du jeu par cœur. L'ambiance est plutôt animée, les fatigues du jour oubliées. Quelques parties d'échec avant le repas, puis la soupe, puis le sommeil après une bonne journée et un sommet de plus de 3000 des Alpes !
Exceptionnellement, le gardien nous fait déjeuner tard : 6h15 ! Tous les autres « réfugiés » sont déjà partis. Au programme d'aujourd'hui : l'Aiguille de Leysse (ou Laisse) 2879m. Le sommet modeste s'accède par une crête peu marquée mais intéressante pour nous car en neige et en rocher. Un peu de cartographie au passage, avec Etienne, pour se repérer et nous attaquons notre objectif. Mais l'équipement vestimentaire aura le dernier mot. Plus précisément les chaussures. Nos jeunes ont les chaussures, et donc les pieds, mouillées depuis la veille, entraînant une perte de motivation chez certain. Doit-on en conclure que le siège de la motivation se situe dans les pieds ?
Nous montons à 2650m d'altitude soit à 200 mètres du sommet. Peu importe. Quelques exercices de pentes raides pour en terminer et nous rejoignons le refuge en surfant au mieux sur les trous de neige trop molle.
Retour rapide au parking, les sacs à dos à nouveau pleins de matériel, comme la tête pleine d'images de montagne.
Il reste encore beaucoup de choses à apprendre, mais l'expérience viendra rapidement...
Bravo à nos deux jeunes pour ce beau 3000.
Merci à Sébastien pour son concours avisé pendant ces 3 jours.
Bon rétablissement à Olivier.
Pascal
Altitude départ : Croix de Fer 2064m Refuge de l'Etendard 2430m
Altitude Arrivée : 3465m
Dénivelé : cumulée sur les 3 jours environ 2000m ; Distance totale environ 25km
Difficulté : initiation alpinisme– randonnée alpine - long
Matériel : Pelle sonde DVA piolet crampons casque baudrier mousquetons raquettes corde
Accès : Vienne – Grenoble- Allemond- Col de la Croix de Fer : 160km : 2h20
Carte : 3335ET
Météo : Couvert avec éclaircies, Beau temps au-dessus de la mer de nuages dimanche. Brouillard au refuge les 3 jours !
Nivologie : récentes chutes de neige - neige de printemps
