1er jour : gare du Montenvers (1913m) – Refuge du Couvercle (2687m)
Dénivelée : positive = 940m / négative = 160m
Météo : éclaircies, mais plutôt nuageux
2ème jour : Refuge du Couvercle (2687m) – avant la grande crevasse (environ 3200m) + retour
Dénivelée : positive = 650m / négative = 140m + retour
Météo : beau jusqu’en début d’après-midi, orages ensuite
Carte : 3630OT Chamonix
Un participant de dernière minute s’ajoute sur la sortie : ce n’est rien d’autre que le président du club, notre cher Pascal. Après une blessure l’hiver dernier, Pascal se remet lentement et c’est la première course d’envergure qu’il tente à nouveau.
Le weekend débute par le traditionnel covoiturage, à destination ce jour-ci de Chamonix. Après une attente quelque peu longue (et oui c’est les vacances !!), nous prenons le petit train du Montenvers qui permet d’accéder au célèbre hôtel à l’altitude de 1913m, surplombant la Mer de Glace.
L’accès au glacier est d’années en années plus difficile, avec une succession d’échelles et une moraine instable avant de pouvoir poser le pied sur la glace. La neige a déjà disparu et nous marchons sans crampons sur un mélange de glace et petits cailloux, jusqu’au lit du torrent glaciaire qui traverse le glacier plus en amont. Le passage sur l’autre rive est acrobatique avec un pas d’équilibrisme sur un gros rocher posé au milieu du torrent. Nous atteignons ensuite le glacier de Leschaux et la moraine latérale qui permet d’accéder aux échelles des Égralets. Celles-ci sont plutôt impressionnantes, car verticales et longues.
L’arrivée au refuge, après plusieurs heures de marche assez épuisantes (la moraine, c’est casse-patte !!), nous offre un magnifique panorama. Ici se trouve l’ancien et fameux refuge du Couvercle, blotti sous son énorme rocher. Le bassin de Talèfre est entouré de ses sommets aux noms rêveurs : les Droites, les Courtes et la Pointe Isabella, objectif du lendemain. Et n’oublions pas évidemment en toile de fond les Grandes Jorasses qui nous semblent (et sont sans doute pour nous) inaccessibles.
Les conditions d’enneigement nous font vite comprendre que l’ascension de la Pointe Isabella sera compromise. La décision est donc prise de poursuivre l’objectif jusqu’à un horaire maximum ou une trop grande difficulté technique (comme par exemple la fameuse grande crevasse, qui se forme une fois le manque de neige trop important). Pascal décide de ne pas participer à la « ballade », la montée au refuge ayant eu raison de sa condition physique actuelle.
Le départ le lendemain n’est pas très matinal (environ 6h) et nous rejoignons le glacier de Talèfre en contrebas. Nous remontons ensuite toute le bassin, et la progression est rendue difficile par le manque de neige : le glacier est recouvert de cailloux et rochers plus ou moins instable. Pour rejoindre ensuite le glacier des Courtes, nous progressons sur des roches moutonnées, où le cheminement n’est pas forcément évident. Il faut de plus avoir grande confiance en l’adhérence de ses semelles Vibram !! Le glacier des Courtes est très crevassé et l’allongement de la corde est de mise. Je dois avouer qu’à titre personnel, je suis très impressionné (et méfiant !!) par ces crevasses tourmentées et profondes, mais il me reste tant à découvrir encore…
A une centaine de mètres de la grande crevasse, nous décidons de faire demi-tour. L’horaire limite est atteint (environ 9h) et la difficulté technique est de toute manière trop importante pour le groupe. Si nous escomptions vraiment faire la course entière, il aurait fallu de toute façon partir à 2h du matin. L’approche de la grande crevasse était notre simple but aujourd’hui. Nous faisons donc l’itinéraire inverse et nous retrouvons au bas du refuge Pascal, qui commençait à s’inquiéter. En effet il n’arrivait pas à nous localiser avec les jumelles lors de notre progression. Le maître Jedi n’accorde pas encore toute sa confiance à son jeune Padawan… Mais cela viendra bien un jour ou l’autre : de patience tu devras faire preuve !!
Après un pique-nique bien mérité, mais rapide, nous entamons la longue descente pour rejoindre la gare du Montenvers. Et oui, il ne faudrait pas manquer le dernier train !! Mais le temps menace et le ciel s’obscurcit rapidement. A peine descendu les échelles des Égralets qu’un violent orage de grêle et de pluie nous tombe sur la tête. Nous nous abritons rapidement sous un énorme rocher qui n’attendait que nous. Quelle chance dans notre malchance !! Des trombes d’eau autour de nous, une mare commençant à se former près de notre refuge, Elisabeth se couvrant comme elle peut sous ses habits et sa cape de pluie (elle n’a pas eu le temps malheureusement de rejoindre notre abri de fortune), l’heure est grave… Mais l’orage finit enfin par cesser, aussi rapidement qu’il était apparu. Espoir toujours tu garderas !!
Le ciel s’éclaircit et nous filons à travers la Mer de Glace à vitesse grand V. Deux choses nous motivent : l’horaire du dernier train et le risque d’un nouvel orage. Et ce dernier risque devient à nouveau une réalité : nouveaux coups de tonnerre et la pluie dense refait son apparition. Juste avant d’attaquer les échelles qui permettent de quitter le glacier. Pas de chance me direz-vous, quoique… Encore un gros rocher, juste là, qui nous permet de laisser passer le gros de l’orage sans être douché de la tête aux pieds. L’averse diminue, mais ne cesse pas. Nous décidons d’attaquer la montée des échelles malgré tout car nous ne pouvons attendre plus longtemps. Le final n’est donc pas très agréable, avec cette pluie et ce vent qui nous donnent des frissons et rendent les barreaux des échelles glissant.
Mais nous finissons par arriver, conquérants, au joli petit train rouge qui nous ramènera d’une force tranquille (au côté obscur de la Force attention tu feras) dans la vallée. Et vous savez quoi ? Nous avons eu l’avant dernier train et tout le temps de boire une bonne bière une fois en bas… Fortiche non ?!
Olivier.