- Refuge de Maljasset
- Ubaye -
Raquettes
Samedi 15 au lundi 17 avril 2017
« Pâques + raquettes = pâquerettes»
Lieu/altitude/dénivelé/distance/horaire) : Col Girardin 2699m 800m/7km/5h30 Col Longet 2660m/750m/24km/8h30 Col de Mary 2641m 750m/14km/5h
Difficulté : RQ2 max selon rando. Passage délicat pour le Col de Longet
Matériel : Raquettes Pelle sonde DVA
Accès : Pont-Eveque – Grenoble – La Grave - Briançon – Risoul - Vars – St Paul sur Ubaye - Maljasset 290km 4h50
Météo : quelques nuages puis une petite averse en fin de journée le 1er jour. Beau temps les 2 jours suivants
Hébergement : Refuge CAF de Maljasset 1905m ; accès en voiture ;demi-pension 33€ Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
Nivologie : 1-2
Participants: (13) Nadège, Evelyne, Nadine, Bernard, Elisabeth, Tiphaine, Paul, Ghislaine, Eric, Sylvie, Michel, Martine, Pascal.
L’Ubaye, c’est un peu loin pour nous, mais c’est tellement beau ! Nous profitons de trois de Pâques pour faire la route longue, mais belle route de montagne sans neige. Le refuge CAF du Maljasset à la particularité d’être accessible par la route, ce sera notre point central.
Samedi 15 avril : le 1er jour
Arrivés vers midi, nous entamons de suite la première ascension : le Col de Girardin. Après une montée au soleil, sur un chemin complètement à sec, la neige est présente à partir de 2300m, assez pourrie au début puis plus dure. Le cheminement paraissant le plus logique et le moins fatiguant à la montée nous amène directement à un « ancien poste optique » d’où se transmettait les infos avant l’Internet… Nous sommes à 2866m. Nous admirons le panorama et nous observons des nuages qui arrivent de Ceillac. Comme souvent en montagne le temps change rapidement, le ciel se voile, la température descend rapidement, le grésil commence à tomber. En suivant la crête nous arrivons rapidement au Col Girardin à 2699m. Une grande pente nous attend, pas excessivement pentue mais plaqué d’une neige glissante. Du coup chacun a sa technique, plus ou moins efficace, pour descendre…
Le retour au chaud au refuge est rapide et apprécié. Nous prenons nos quartiers pour la nuit. Repas assez soigné.
Voici différentes techniques de descente en pente raide…. Enfin en pente demi-raide….enfin en pente J
Dimanche 16 avril : l’accident
Pour cette seule journée complète, sans avoir à prendre la route, nous décidons de parti pour le Col de Longet plutôt que du coté du Pic Rubren, fortement déconseillé par le gardien du refuge, un passage étant notamment dangereux. La ballade commence bien : comment finira-t-elle ? La remontée de la haute Ubaye s’étale sur plus de 4 kilomètres pour 200 mètres de dénivelée; le temps d’apprécié le paysage vraiment très beau et apaisant. Le passage du Ravin de la Salcette s’avère délicat. Le chemin est complètement glacé. Un névé bien dur lui aussi demande une attention extrême : une chute dans la rivière au fond du ravin 50 mètres plus bas serait fatale. Déboucher sur le plateau est un soulagement d’autant que nous retrouvons le soleil et une vue splendide dans un large vallon. Avec la chaleur, la neige se ramollie, même avec les Raquettes nous nus enfonçons assez profondément, ce qui est toujours désagréable et épuisant. Après une petite cote et un large virage sur la droite, nous entamons la longue, très longue remontée au Col de Longet, le bien nommé. La pente est douce mais interminable. Une grosse pierre, vue de loin donne l’impression qu’il s’agit du Col et qu’elle n’est plus trop éloigné. Le rythme s’accélère en une course effrénée jusqu’a la pierre. Mais le Col est encore assez loin. Le groupe s’étale au gré du rythme de chacun. La vue au Col est grandiose sur le Mont Viso, la belle montagne, le maitre du coin. Un pas de plus, nous sommes en Italie. Nous avons du mal à repartir de là, mais le retour est long, il faut faire demi-tour. Le retour sera long, très long et le théâtre d’un accident ! J’en serais victime. Le passage du névé vu à l’aller demande encore plus de précaution car il a déjà durci car le soleil est bien bas. Tout se passe bien. Il ne reste plus qu’un passage délicat : le chemin englacé. Une glissade sur mon coté gauche, une chute d’à peine un mètre, je sens la jambe gauche se déchirée comme une feuille de papier journal. Le diagnostic est rapide : cuisse ou genou hors d’usage. Incapable de m’appuyer sur la jambe, il faut appeler les secours. Le groupe s’organise rapidement. Les coordonnées GPS sont rapidement connues. Empapilloté dans des couvertures de survie, il ne reste qu’à attendre les secouristes. Nous restons quatre. Et le téléphone ne passe pas dans ce fond de vallée. Le reste du groupe descend.
Les plus entrainés courent jusqu’au refuge, éloigné de plusieurs kilomètres, pour prévenir avec le téléphone fixe, le PGHM. Nous restons informés par Talkie-walkie : très pratique et réconfortant. Tiphaine et Elisa redescendent à leur tour. Elles arriveront à 20h. Evelyne et moi guettons l’hélicoptère. Il arrive. Nous attendons les secouristes par le chemin, en bas. Ils arriveront par le haut ! Là où la pente est la plus raide et glacée ! Mais ce n’est pas un problème pour ces extra-terrestres ! Hélitreuillage, pose-dépose-repose-redépose, je me retrouve à l’hôpital de Digne en 35 minutes. Bravo le PGHM, ce sont des hommes incroyables.
Lundi 17 avril 2017 : le retour.
Bergerie supérieure de Mary pour le groupe, déchirure musculaire assez importante à la cuisse pour moi. La rando dans le vallon vaste et ouvert de Mary est très agréable, sous le soleil dans un ciel tout bleu. Un dernier coup d’œil depuis le refuge, une dernière bière bien méritée et c’est le retour. Evelyne, Tiphaine et mon chauffeur, Paul, ne profiterons pas de cette journée occupés à me ramener à la maison. Un très grand merci à eux et à tous. Chacun a fait ce qu’il avait à faire, sans panique, tout en gentillesse. C’est bien là que la naturelle solidarité en montagne et la force de caractère des montagnards se mettent au service de chacun.
l’Ubaye est une destination, qui nous est peu fréquente, mais la beauté du lieu et le dépaysement de nos Alpes du Nord sont sources d’émerveillement et d’envie de s’installer là, un peu plus longtemps.
Retour sur expérience.
Cet accident me rendra indisponible plusieurs mois. Faisons un petit retour sur expérience.
Une suite d’évènements particuliers ou de simples détails ont-ils amené à cette situation ?
Le Col de Longet est une longue ballade, 23 ou 24km avec une dénivelée très raisonnable de 800m ou à peine plus. De quoi être fatigué tout de même surtout en tenant compte de l’état de la neige où il faut dégager régulièrement les raquettes enfouies sous le manteau neigeux. Pas d’exposition particulière aux avalanches, le niveau du risque étant très bas, pas de chute de neige récente, pas de pentes fortes mêmes à proximité. La météo est excellente : soleil toute la journée. Le petit sprint final à l’arrivée au col (qui n’en finissait pas de se rapprocher) a peut-être aussi entamé des réserves.
La sortie du jour précédent au Col Girardon, dénivelée de 800m et distance aller-retour de 7km, bien qu’effectuée après un voyage en voiture de plusieurs heures n’est pas difficile en tout cas pas épuisante et nous nous sommes bien reposés dans les lits douillets du refuge.
Nous avions largement discuté la veille de notre itinéraire. Nous envisagions aussi de nous rapprocher du Bric Rubren, en reconnaissance d’une prochaine bambée. Le gardien nous l’a fortement déconseillé. Ce que nous avons respecté. Pour cette grande journée en montagne, il était logique de choisir une destination demandant un certain effort, bien échauffé la veille et en prévision d’un lendemain raccourci pour cause de départ.
Le passage délicat du chemin glacé sous couvert forestier le matin était-il déjà un indice ? Aurions-nous dû, dès lors, renoncé que pour ce passage pas exposé (pas de barres) ? L’ensemble du groupe, à part une ou deux personnes, était constitués de randonneurs (ou alpinistes pour certains) aguerris. Le passage suivant, dans le névé, beaucoup plus exposé paraissait bien plus menaçant.
Nous remarquerons que l’accident, comme bien souvent en montagne s’est produit au retour à la descente. L’attention après le névé dur qui a demandé beaucoup de précautions pour être franchi est-t-elle retombée juste avant d’entreprendre la descente du chemin englacé ? de point de vue non. Les consignes de concentration et d’attention on été répétées.
La grande question : nous étions sans raquettes aux pieds, ni crampons : ces « accessoires » étaient-ils nécessaires ? Nous avons ôté les raquettes pour le passage du névé. Ce n’était pas possible de les garder aux pieds sur ce passage. Pire, en cas de glissade, les raquettes allaient certainement plus empêcher d’enrayer la chute qu’autre chose. Il ne faut pas trop compter sur les pointes sous les raquettes dans ces cas là.
Plus loin sur le chemin, remettre les raquettes aurait-il permis d’améliorer la sécurité ? peut-être. Le passage était court mais ça, c’est pas une bonne réponse, court ou pas cour, s’il faut s’équiper, on s’équipe. La surface des raquettes, le quadrillage et les pointes sous les raquettes sont-ils approprié par un passage en glace sur un chemin pentu ? oui mais quand ça part, ça part, mais c’est quand même mieux. Alors si les raquettes ne sont pas la solution, qu’est-ce qu’il faut ? Les crampons. Quitte à les porter sur des kilomètres pour un passage de dix mètres et savoir s’en servir, les crampons sont les outils adaptés à ce genre de situation.
Les crampons qui se fixent sous les raquettes apportent aussi bien des avantages dans ce genre de situation.
Alors ami raquetteur, souviens-toi, en neige dure, voire chemin verglacé, les crampons tu penseras.
Pascal