Samedi 9 mars 2024 – Le Pas d’Outray depuis Les Prés

- Distance : 10km

- D+ : 950m

- Durée : 6h30

- Pente : max 30°

- Météo : couvert et assez venteux ; températures douces

- Nivologie : Risque 3 ; plaques à vent

Pour cette 4e et avant-dernière session vers l’autonomie en ski de randonnée, Daniel nous emmène dans le massif Beaufortain. Thème du week-end : faire sa trace. Le programme nous parait bien plus light que les sessions d’avant… Normal, vu qu’il s’agissait de carto et de nivologie !

En ce 1e jour, nous avons décidé d’aller au Pas d’Outray, en partant du hameau des Prés à Beaufort. L’altitude d’enneigement continue étant assez haute, nous réussissons à garer le minibus plus haut que le hameau. Le sentier est cahoteux, mais notre monture se porte bien et nous mène sereinement à travers la forêt. Nous nous arrêtons néanmoins à une épingle autour de 1250m, ne sachant pas s’il y aura assez de place pour rouler ou faire demi-tour par la suite…

Nous commençons à nous équiper, et là : malheur ! Je me rends compte avoir oublié mes bâtons de ski à la maison… Quelle bourde, et quel bêta ! Que cela ne tienne, je réussirai bien à monter, mais j’appréhende pour la descente… Petite chance dans mon malheur : nous sommes en pleine forêt, et durant la montée nous dénichons des branches en bois assez solide pour faire office de bâtons de ski. La praticité et le poids de ces bâtons peuvent être bien mieux, mais leur esthétique naturelle me donne un magnifique look de druide. Les railleries fusent toute la journée : je serai Merlin l’enchanteur ou Panoramix le druide pour le reste du week-end…

Un long portage sur 250m de dénivelé est nécessaire depuis le minibus, avant d’enfin trouver assez de neige pour chausser. Tant mieux : les épaules commençaient à être lourdes. Nous progressons au rythme prévu, gaiement et sûrement, s’arrêtant aux points de décisions définis lors de notre préparation le mardi précédent. Nous en profitons même pour tirer un azimut, afin d’être sûr du sommet à viser. Sortis de la forêt, le vent souffle, avec parfois de grosses rafales qui nous déséquilibre. Mais nous continuons notre route sans nous plaindre, traçant comme le Poney Express.

Plus nous progressons, plus nous nous posons des questions sur notre objectif. Un peu sous le Pas d’Outray, nous décidons de rester dans le cirque formé par la Montagne d’Outray, car le Pas semble difficilement praticable avec le vent et la nivologie actuelle. Nous prenons donc la solution de sécurité, puis commençons à dépeauter.

Malgré des pentes assez douces, la descente est rude à cause de la mauvaise neige. Une fine sous-couche de regel casse sous les skis, rendant difficiles nos virages. Merlin l’enchanteur, avec ses bâtons magiques de 2kg, n’est vraiment pas à l’aise… Mais nous réussissons tant bien que mal à descendre par le même chemin qu’à la montée, ou presque.

Nous prenons un court repas dans une ancienne coulée, sous quelques rafales ensevelissant nos maigres provisions sous une couche fine de neige. On croyait le spot à l’abri… Il s’agissait juste d’une accalmie ! A la suite de quoi nous entamons un exercice DVA de recherche multi-victimes, mis en place par Daniel à la montée. Cet exercice est une première pour tous (sauf Daniel bien entendu), mais nous réussissons à sortir les 2 victimes en tout juste 14min. Malgré les erreurs effectuées pour en arriver là… Il faudra réviser le rôle du leader de recherche, ainsi que le sondage des victimes ! C’est avec un goût semi-amer dans la bouche que nous continuons donc notre descente, à zigzaguer entre les arbres puis en terminant à pied, faute de neige.

Avant de se diriger vers le gîte, nous nous arrêtons rapidement à Beaufort afin de louer une paire de bâtons pour Merlin, qui avait cassé un des siens lors de la descente. Et qui, accessoirement, préfère de fins bâtons alu que de larges bâtons en bois… Coup de chance, le responsable du magasin de sport est chic : il prête une paire à Merlin gratuitement, et lui fait confiance pour les rapporter dans un casier le lendemain ! Merlin est soulagé.

Beaufort est une terre de surprise. Car après la générosité de l’autochtone précédent, Nicolas et Antoine remarquent un grand barbu portant sur son épaule, un pigeon à queue rouge, tenu en laisse… Hallucination collective ? Sort lancé par Merlin l’enchanteur ? Reflet dans la vitre du minibus ? Le résultat est le même : un Nicolas éberlué et hilare nous raconte sa vision extraordinaire. Ul s’avérera

plus tard qu’il s’agissait probablement d’un perroquet gris à queue rouge, et non d’un pigeon… Ce qui n'enlève en rien l’incongru de la présence de cet oiseau en plein Beaufort.

Sur ces pérégrinations, nous arrivons enfin au gîte de Molliessoulaz, situé dans un hameau un peu isolé dans les hauteurs de Queige, avant Beaufort. Le gîte est assez confortable, et l’hôte convivial : nous avons un dortoir pour nous (plus spacieux que beaucoup de refuges), plusieurs excellentes douches avec une pression parfaite et une température réglable à souhait (oui, c’est assez marquant pour le noter dans ce compte-rendu !). Nous débriefons la journée autour d’une bière, avant de passer à table avec 5 autres compagnons de séjour.

Très belle découverte pour nos amis omnivores : l’hôte a servi des pormoniers (ou porc meunier) aux blettes, réalisés dans la vallée. Il s’agit d’une charcuterie composée à 50% de viande de porc, et 50% de légumes (blettes, poireaux, épinards, …). Certains en prendront d’ailleurs le lendemain à l’épicerie de Beaufort, pour ramener chez eux.

Ce gîte est une bonne adresse, convivial et généreux. Néanmoins, vu le gouffre sans fond de nos estomacs, il est possible que le CAF de Vienne soit maintenant blacklisté ! Non seulement nous avons terminé le plat de crozets des voisins, mais aussi nos 1,5kg de beaufort et une partie du beaufort d’à côté… Antoine aura bien participé à cette hécatombe, notamment sur le fromage. On le comprend, car le beaufort : c’est bon. Mais nos estomacs sont trop pleins pour l’accompagner.

Pour terminer le repas, l’hôte nous présente sa malle à tisanes (oui oui, une malle…), qui m’a impressionné. Grand buveur de décoctions, Merlin l’enchanteur prendra même la malle en photo pour en faire saliver sa chérie. Quand certains salivent sur les eaux chaudes, d’autres attendent un breuvage un peu moins sage : un digestif, qui sera Calvados, Cognac, ou une eau-de-vie inconnue retrouvée par l’hôte en fouillant dans le fond de ses placards…

C’est sur ces bonnes boissons que nos préparons la course du lendemain. De nombreuses réflexions, questions, et débats animent cette préparation, ce qui nous permet d’avoir un itinéraire clair pour demain, avec points de décision et plans de secours.

Dimanche 10 mars 2024 – Vers le Col de la Gittaz, depuis Val Joly

- Distance : 15km

- D+ : 700m

- Durée : 4h15

- Pente : max 30°

- Météo : brouillard (jour blanc) et légère neige ; températures douces malgré tout

- Nivologie : Risque 3 ; plaques à vent

C'est après une nuit animée par le concert symphonique des cafistes viennois que nous nous réveillons à 6h45, pour un petit déjeuner à 7h00. Copieux pour certains, pas assez fourni pour d'autres (nous tairons les noms, mais ce sont les mêmes que la veille !) Nous quittons néanmoins nos joyeux hôtes à 8h00, sous une pluie fine que l'on espère courte... Attention spoiler : on ne verra pas le soleil de la sortie !

Aujourd'hui, départ de la station de Val Joly. Nous prenons la benne de 9h00, pour nous éviter 300m de remontée sur piste rouge, sans grand intérêt hormis pour le sport… Nous préférons gagner du temps, quitte à faire du rab en fin de sortie.

La gare d'arrivée de la télécabine se trouve dans un bon brouillard, qui se densifiera au fur et à mesure de la course, jusqu'à la descente. Il neige un peu, histoire de rajouter une petite couche à notre malheur... Mais il y en a un de content, et c'est bien le seul : Daniel, en bon formateur pédagogue, trouve les conditions idéales pour nous apprendre à faire la trace et trouver notre route. On commence vraiment à croire qu'il aime nous voir galérer... Formateur ou sadique ? Seule l'histoire nous le dira !

Nous remontons d’abord les pistes, vertes et bleues, afin d’atteindre la route menant au Chalet de la Croix. Petite erreur en chemin, j’oublie de bifurquer sur une piste verte, pensant que la bleue serait plus directe… Heureusement que Nicolas est là pour calmer mes ardeurs et réparer mes erreurs ! Nous continuons donc sur une route enneigée, sortons de la piste au niveau d’une épingle pour ne pas redescendre, et continuons vers l’Est direction les chalets Le Bolchu. Nous réussissons à repérer et atteindre ces chalets, marquant le point d’entrée dans la Grande Pierrière, large vallon montant doucement vers le col de la Gittaz.

La visibilité est mauvaise, nous devons donc rester groupés afin de ne pas perdre nos joyeux lurons. Chacun notre tour, nous prenons la tête du groupe, afin d’apprendre à faire une trace "au ressenti des skis". Les barres rocheuses à notre gauche sont légèrement visibles, nous donnant une main courante salvatrice pour éviter de nous perdre.

C’est à cause de ces conditions assez mauvaises que nous décidons de ne pas aller au col de la Fenêtre : les pentes sont un peu trop raides, et nous ne voyons même pas le col en lui-même. Le risque de s’engager dans un mauvais couloir sont trop grands pour que l’on monte à ce col.

Nous continuons donc notre route, montant plus ou moins gaiement sous la neige et dans un gris intégral. Vers midi, au bout de 3h de montée, petit point d’arrêt. Il reste moins de 100m de dénivelé avant la crête et le col de la Gittaz, mais encore une bonne distance (1,5km environ). Avec les conditions actuelles, nous décidons de faire demi-tour ici, car il n’y a pas grand intérêt à pousser plus loin (même pédagogiquement parlant).

Dépeautage rapide, nous commençons à impressionner Daniel avec notre vitesse de transition de plus en plus grande. Mais nous n’égalons pas encore le maître, toujours une théière à la main en train de siroter son petit thé pour nous attendre.

Nous commençons donc une descente incertaine, ne distinguant pas les aspérités, pentes, bosses à cause du brouillard. La progression n’est donc pas très fluide, mais heureusement que le terrain est facile et que les barres rocheuses (cette fois-ci à droite) nous donnent un repère. Deux cafistes de St-Gervais nous ouvre la route un temps. Antoine en tête, Daniel nous apprend comment confirmer s’il n’y a pas de barre rocheuse ou trou en face de soi… Antoine l’imite et lance donc régulièrement un bâton devant lui, d’un geste fluide et élégant, sous mes yeux ébahis et moqueurs.

A la mi-descente, le brouillard commence à se lever, et nous commençons à apercevoir le Bolchu et notre chemin retour. La neige est, malgré le mauvais temps, bonne à skier : la neige tombée dans la journée a laissé une petite couche agréable. Nous redescendons donc sereinement jusqu’aux pistes, puis descendons ces dernières jusqu’en bas de la station.

Nous arrivons au minibus sur les coups de 13h00. Le temps de nous changer et de ranger nos affaires, nous décidons de faire le débrief non pas autour d’un verre, mais autour d’un repas bien mérité au

restaurant situé face aux télécabines. Certains prendront 2 plats (on le reconnaitra !), d’autres tenteront une spécialité locale (la croute !) aussi copieuse et saine qu’une bonne tartiflette.

Repus et les ventres bien remplis, nous repartons direction Beaufort pour un double objectif. D’abord rendre les faux bâtons de Merlin l’enchanteur à l’équipementier. Mais surtout, et c’est là le véritable objectif du week-end : faire le plein de beaufort à la coopérative du village éponyme. A l’heure où j’écris ces lignes, j’ignore si le destin tragique de ces fromages a été scellé. Ou s’ils réussissent encore, sûrement avec peine, à survivre à nos appétits insatiables. Me concernant, le Beaufort d’été est déjà parti vers d’autres cieux, et celui d’hiver pèse moins lourd qu’une tasse d’espresso.


 

Date de début : samedi 9 mars 2024

Nombre de jours : 2

Lieu : beaufortain / Beaufortain

Nombre de participants : 6

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